Perruches
ondulées – La reproduction
Le cycle annuel de l'oiseau est étroitement lié à un
cycle interne compliqué d'événements physiologiques qui sont reliés par des
glandes endocrines et qui dépend en partie de facteurs extérieurs bien précis.
Ce cycle se manifeste extérieurement entre autres par la mue et la
reproduction.
Dans cette reproduction, nous distinguons trois périodes
:
a) une période
de régénération
b) une période
d'accélération
c) une période
culminante
Commençons par la période de régénération au cours de
laquelle les glandes endocrines impliquées dans la reproduction, les glandes
génitales, sont au minimum de leur forme ainsi que de leur poids et elles sont
encore insensibles aux stimuli extérieurs. C'est durant cette période que l'oiseau
mue.
Après cette phase suit une période dans laquelle les
glandes génitales se mettent lentement en action. Cette période de démarrage à
la saison d'élevage, nous l'appelons la période d'accélération.
Les stimuli extérieurs, comme l'allongement des jours et
la croissance de la végétation, se répercutent dans le cerveau. Celui-ci à son
tour stimule l'hypophyse, une petite glande endocrine située dans le crâne sous l'encéphale.
Celle-ci va sécréter des hormones gonadotropes, lesquelles susciteront à travers
les vaisseaux sanguins la maturation et l'activité des organes sexuels des oiseaux.
Nous pouvons considérer l'hypophyse comme l'organe régulateur fondamental des
trois périodes du cycle.
Un éclairage et un
chauffage artificiels peuvent raccourcir la phase d'accélération de façon
importante tandis que le temps froid ralentit l'activité des glandes génitales.
II est même possible par le moyen des stimulateurs externes susmentionnés de régler
la période de la mue. La fin de cette période d'accélération se conclut par la
parade nuptiale et la construction du nid. Vient alors la période culminante au
cours de laquelle le nid s'achève, la pariade se fait et commence le processus
de la couvaison,
Le corps de la femelle
subit alors pendant une période d'environ 10 jours un changement énorme par
l'action des hormones gonadotropes. L'ovaire augmente de volume. Dans cet
organe glandulaire qui fait penser à une grappe de raisins, mûrissent quelques
ovules. Les globules rouges se multiplient et se chargent d'une multitude de protéines,
graisses, calcium, phosphore et diverses vitamines. D'autres changements encore
concernent la peau du ventre. Certains duvets tombent faisant apparaître une place
chauve, qui s'imprègne et s'enrichit en sang sous l'action des sécrétions hormonales.
Durant cette maturation,
les cellules qui vont former les oeufs commencent une période de croissance,
suivie de deux divisions. Vient alors l'intervention de la génétique sur
laquelle je reviendrai plus tard. Sachons simplement, dans le cadre de ce
chapitre, que des deux divisions de la cellule, naîtront 4 ovocytes (ou ovules)
comportant chacune un système simple de chromosomes.
De ces 4 ovocytes, une seule arrivera à son développement
total, les trois autres disparaîtront. La cellule mâle formant les spermatozoïdes
livrera au contraire à la fin de ses deux divisions 4 gamètes, chacune ayant
son programme de chromosomes. Cette différence dans la façon de se diviser
s'explique par les tâches qui attendent cellules mâles et cellules femelles.
Nous pouvons donc dire que le mâle et la femelle
contribuent au même moment à la formation du zygote, (c'est-à-dire l’oeuf fécondé
mais non encore divisé) mais que la composition et la forme ultérieure du
spermatozoïde et de l'ovocyte sont différents. Lors de l'accouplement, les
spermatozoïdes se détachent des testicules par l'action de certaines hormones
et sont emmagasinés par milliers près du cloaque (fig. 22). Mises à part
quelques exceptions (canards, autruches), les mâles n'ont pas de pénis chez les
oiseaux. L'accouplement se produit par la forte pression du cloaque du mâle
contre celui de la femelle. Durant la copulation, le mâle déverse ses
spermatozoïdes dans le cloaque de la femelle (fig. 23).
Fig. 22 Organes génitaux du mâle
1. testicules
2. canaux déférents
3. uretères
4. gros intestin
5. cloaque
1. ovaire
2. ovocyte
3. entonnoir d’entrée de l’oviducte
4. oviducte
5. endroit de formation du blanc d’oeuf
6. endroit de
formation de la coquille
7. uretères
8. gros intestin
9. cloaque
Ceux-ci sont pourvus d'un flagelle, un filament servant
d'organe locomoteur qui leur permet de se mouvoir dans le plasma spermatique à
la recherche de l'ovocyte. Dès que l'ovocyte mûr s'est libéré de l'ovarium, il
est fécondé à l'entrée de l'oviducte par la pénétration d'un spermatozoïde. Le
flagelle se détache alors et disparaît. Immédiatement après la fusion,
l'ovocyte s'entoure d'une membrane qui l'isole hermétiquement de tous les
autres ovocytes. Ceci explique aussi le fait qu'un seul accouplement peut
servir pour de multiples oeufs fécondés. Les spermatozoïdes restants demeurent
encore un long temps en état de féconder d'autres ovocytes.
En régle générale, un ovocyte est libéré par jour par
l'ovaire. Quand le jaune d'oeuf ou vitellus, entouré par la membrane vitelline,
descend dans l'oviducte, la première couche de blanc d'oeuf est déposée. De par
le fait que le jaune d'oeuf fait des mouvements tournants, la couche de blanc
qui l'entoure va se terminer à chaque bout par une torsade que nous appelons
chalaze (une chalaze est donc le tortillon axial du blanc d'oeuf des oiseaux).
Ces tortillons ont pour tâche de maintenir le jaune d'œuf à sa place et de veiller à
ce que le jaune d'oeuf en formation dans lequel se forme le noyau cellulaire,
demeure toujours au-dessus du jaune, si bien qu'il se trouve toujours en
contact avec le corps de l'oiseau couveuse.
Dans une partie plus étroite de l'oviducte, se forme une
membrane libre autour du blanc de l'oeuf, c'est la membrane coquillière
interne. Dans un stade ultérieur, plus de blanc encore s'ajoutera
par la membrane. Ce blanc d'œuf (albumine) est produit par des glandes spéciales
dans les parois de l'oviducte.
Fig. 24
1.
coquille
2. membrane
coquillière externe
3. albumen ou
blanc d'oeuf
4.
germe
5. membrane
coquillière interne
6. chambre à
air
7. chalaze
8. membrane
vitelline
9. jaune d'oeuf ou
vitellus
10. blanc d'oeuf
Dans une partie suivante de l'oviducte, une deuxième
membrane se forme, la membrane coquillière externe. Dans la dernière partie de
l'oviducte, vont se former enfin une poche d'air qui sera la chambre à air, la
coquille calcaire qui sera
colorée suivant l'espèce et encore une couche cireuse qui recouvrira la coquille
pour prévenir l'évaporation (fig. 24). Le passage à travers l'oviducte se fait
en l'espace de 24 heures pour la plupart des oiseaux; pour la perruche ondulée,
il dure deux jours environ.
L'oeuf quitte le corps via le cloaque. Dès que la ponte a commencé, l'ovaire commence
lui-même à produire une hormone. Cette hormone oestrogène passe dans le circuit
sanguin et atteint l'hypophyse qui va limiter la production de l'hormone
gonadotrope (ou gonadotrophine). Au fur et à mesure que des œufs sont libérés
par l'ovaire, la quantité d'oestrogène est augmentée et la production de gonadotrophine
diminue. Finalement cette production de gonadotrophine se tarit totalement et l'oiseau arrête de pondre.
Au moment toutefois où l'hypophyse a diminué la production
de gonadotrophine, elle a commencé la production l'hormone prolactine qui
incite l'oiseau à commencer à couver. Car, au moment où l'oeuf est pondu, l'embryon
se trouve dans une espèce d'hibernation et il ne peut se développer que par la
chaleur de la couvaison.
A la fin de celle-ci qui est de 18 jours chez la perruche
ondulée, mais qui peut différer suivant les espèces, le jeune oiseau se libère
de son logis devenu trop étroit grâce à la «dent de l'oeuf» qu'on lui a fourni;
ainsi s'éveille une nouvelle vie.
J'exprime l'espoir d'avoir pu éveiller en vous aussi un
peu plus de vie à cette matière assez compliquée.
Texte: Harrie van der Linden