Perruches
ondulées (7)
La nourriture
dans la pratique
Après l'exposé
théorique du chapitre précédent, il sera sans aucun doute devenu bien clair que
la composition d'une nourriture "valable" est une chose qui est tout,
sauf simple, et qu'un bac de grit et un abreuvoir d'eau ne sont de loin pas suffisants
pour satisfaire aux besoins de nos oiseaux.
Pour commencer,
nous pouvons partir du fait qu'aucun mélange de graines ne contient en doses
suffisantes tous les acides aminés nécessaires. Le plus souvent les mélanges
qu'on trouve dans le commerce manquent d'arginine et de lysine, tandis que les
mélanges à meilleur marché présentent en plus un
manque de thréonine. Pour être certain autant que possible d'une composition
constante du mélange de graines, je le fais moi-même, ce mélange. Rien que du
point de vue économique, cela vaut déjà d'être recommandé. Car
Comme mélange de graines
standard, j'emploie les graines suivantes dans les pourcentages indiqués pour
chacune d'elles :
20% d'alpiste
10% de millet du Sénégal
40% de millet Plata
10% de millet
japonais
4% de sarrasin
4% d'avoine (décortiqué)
4% de paddy (riz non décortiqué)
2% de chènevis
2% de sésame
2% de graines de tournesol
2% de niger
Si nous étudions
maintenant le tableau de la figure 7, nous voyons que les sept semences citées
d'abord, c'est-à-dire 92% du mélange, sont riches en hydrate de carbone; les 8%
restants, à savoir le chènevis, le sésame, le tournesol et le niger sont
particulièrement riches en graisse. Dans ce mélange, à l'exception de la
lysine, tous les acides aminés essentiels sont représentés en bonnes quantités.
(Comparez avec le tableau de la figure 8)
Fig. 7
Valeur moyenne en pourcentage
Espèces de graines |
pb |
mgb |
cb |
hdc |
cen |
hum |
Ca |
P |
Alpiste |
15,1 |
6,1 |
5,3 |
56,0 |
4,7 |
12,8 |
0,05 |
0,55 |
Millet du Sénégal |
11,1 |
3,7 |
8,9 |
59,0 |
3,8 |
12,7 |
0,03 |
0,32 |
Millet Plata |
11,1 |
3,7 |
8,9 |
59,8 |
3,8 |
12,7 |
0,03 |
0,32 |
Millet japonais |
11,1 |
3,7 |
8,9 |
59,8 |
3,8 |
12,7 |
0,03 |
0,32 |
Sarrasin |
11,5 |
2,4 |
10,8 |
57,8 |
2,4 |
15,1 |
0,04 |
0,30 |
Avoine (décortiquée) |
13,9 |
8,0 |
1,5 |
64,2 |
1,8 |
10,6 |
0,09 |
0,41 |
Paddy |
7,1 |
2,1 |
10,0 |
64,1 |
5,1 |
11,6 |
0,06 |
0,21 |
Chènevis |
19,5 |
32,1 |
16,9 |
18,0 |
4,8 |
8,7 |
0,81 |
0,76 |
Sésame |
20,9 |
50,0 |
4,5 |
13,6 |
5,4 |
5,6 |
1,30 |
0,72 |
Graine de tournesol |
14,9 |
29,8 |
26,9 |
17,5 |
3,1 |
7,8 |
0,18 |
0,45 |
Niger |
20,7 |
42,2 |
13,5 |
13,1 |
3,9 |
6,6 |
0,43 |
0,65 |
Fig. 8
Pourcentage d’acides aminés dans
les protéines
% blanc d’œuf |
3,8 |
7,0 |
5,0 |
2,0 |
1,6 |
3,6 |
3,5 |
3,0 |
6,5 |
3,5 |
1,0 |
4,0 |
5,0 |
2,0 |
Esp. de graines |
iso |
leu |
lys |
met |
cys |
m+c |
fen |
tyr |
f+t |
thr |
try |
val |
arg |
his |
Alpiste |
4,0 |
6,6 |
2,0 |
1,3 |
|
|
5,4 |
2,3 |
7,7 |
2,3 |
1,9 |
3,4 |
5,1 |
2,1 |
Millet du Sénégal |
4,0 |
11,5 |
1,8 |
2,7 |
1,8 |
4,5 |
5,3 |
3,7 |
9,0 |
3,1 |
1,2 |
5,4 |
3,7 |
2,1 |
Millet Plata |
4,0 |
11,5 |
1,8 |
2,7 |
1,8 |
4,5 |
5,3 |
3,7 |
9,0 |
3,1 |
1,2 |
5,4 |
3,7 |
2,1 |
Millet japonais |
4,6 |
11,6 |
1,7 |
1,8 |
2,8 |
4,6 |
5,8 |
2,4 |
8,2 |
3,7 |
1,0 |
6,2 |
3,7 |
1,9 |
Sarrasin |
4,0 |
6,3 |
5,4 |
1,9 |
2,4 |
4,3 |
4,6 |
3,0 |
7,6 |
3,9 |
1,7 |
5,4 |
9,4 |
2,4 |
Avoine |
3,9 |
7,0 |
3,6 |
1,5 |
2,5 |
4,0 |
4,8 |
3,6 |
8,4 |
3,4 |
1,3 |
5,4 |
6,5 |
2,1 |
Paddy |
3,8 |
7,0 |
4,7 |
2,0 |
2,0 |
4,0 |
4,5 |
3,8 |
8,3 |
4,0 |
1,0 |
6,0 |
7,9 |
2,5 |
Chènevis |
4,4 |
7,7 |
2,7 |
2,2 |
|
|
5,8 |
|
|
3,8 |
1,5 |
6,3 |
5,0 |
3,9 |
Sésame |
3,8 |
6,7 |
2,5 |
2,8 |
2,1 |
4,9 |
4,5 |
3,7 |
8,2 |
3,5 |
1,4 |
4,8 |
11,9 |
2,4 |
Tournesol |
4,4 |
6,5 |
3,4 |
2,2 |
1,7 |
3,9 |
4,5 |
2,6 |
7,1 |
3,6 |
1,4 |
5,0 |
8,1 |
2,4 |
Niger |
4,3 |
6,2 |
3,7 |
2,1 |
2,2 |
4,3 |
4,3 |
2,5 |
6,8 |
3,5 |
1,5 |
5,4 |
8,5 |
2,2 |
II n'est pas
possible de composer tout au long de l'année le même mélange. Non seulement
nous avons à faire à différentes variétés de logements: l'espace peut être
chauffé, non chauffé, intérieur, extérieur, grand ou petit, mais nous
connaissons aussi des périodes différentes comme la croissance, l'élevage, la
mue. Il va de soi que nous devons tenir compte pour la composition de la
nourriture des circonstances toujours changeantes et des besoins de nos oiseaux
selon ces circonstances. J'espère par un simple exemple vous rendre ici mon
propos suffisamment clair.
Si les oiseaux
sont logés en hiver dans un espace non chauffé, si le gel est important, il
faut augmenter de quelques pourcent la quantité de semences de sésame et de
tournesol et diminuer d'autant la quantité de millet. Si les oiseaux sont trop
gras, il faut leur distribuer plus de graines riches en hydrate de carbone et
moins de celles riches en graisse.
Quantité dans le
mélange durant la période d'élevage et de mue:
40% d'alpiste
8% de millet du Sénégal
8% de millet Plata
8% de millet japonais
8% de sarrasin
8% d'avoine (décortiqué)
8% de paddy (riz non décortiqué)
2% de
chènevis
5% de sésame
2% de tournesol
3% de niger
Mélange
recommandé dans la période qui précède l'élevage:
25% d'alpiste
10% de millet du Sénégal
30% de millet
Plata
10% de millet japonais
5% de sarrasin
5% d'avoine (décortiqué)
5% de paddy (riz non décortiqué)
4% de
chènevis
2% de sésame
2% de tournesol
2% de niger
Mélange
recommandé pour la croissance des jeunes
40% d'alpiste
10% de millet du Sénégal
10% de millet
Plata
25% de millet du
Japon
1% de sarrasin
5% d'avoine (décortiqué)
1% de paddy (riz non décortiqué)
1% de chènevis
5% de sésame
1% de tournesol
1% de niger
II ne vous
échappera pas que dans les mélanges donnés, ce sont toujours les mêmes espèces
de graines qui interviennent. Ceci est fait pour éviter la désaccoutumance de
certaines d'entre elles. Si l'on supprime une certaine espèce durant une période
donnée, on court le risque que les oiseaux ne voudront plus en prendre si on la
rajoute dans le mélange de la période suivante. Les perruches ondulées sont
particulièrement difficiles dans ce domaine.
Par la
composition variée des espèces de graines et par les différences entre elles en
valeur alimentaire (voyez les tableaux 7 et 8), il est possible de toujours
adapter le mélange aux besoins changeants des oiseaux. La façon dont les
oiseaux sont logés joue ici un rôle principal. Par exemple, une perruche en
grande volière dépense plus d'énergie et a donc besoin d'une autre alimentation
que la perruche qui est détenue dans une cage d'élevage. Les périodes de
couvaison, d'élevage et de mue, ainsi que le climat et le nombre d'heures
d'éclairage ont une influence dans les besoins en nourriture. Certaines
substances peuvent être stockées dans le corps, d'autres s'influencent l'une
l'autre de façon chimique si bien qu'ici également les besoins sont variables.
Finalement il s'avère que ces besoins sont différents pour chaque individu. Il est
toutefois clair que nous ne pouvons pas composer un menu spécial pour chacun,
mais nous devons nous adapter à la moyenne des besoins de nos oiseaux.
De ce qui
précède, je pense qu'il est devenu clair que vous ne pouvez pas prendre à la
lettre les mélanges donnés, certainement pas en ce qui concerne les
répartitions en pourcentage. Les pourcentages que je donne sont à prendre comme
ligne de conduite. Il faut, si nécessaire, vous adapter aux besoins
alimentaires de vos perruches ondulées.
Vous y réussirez très
bien avec toutes les informations que vous possédez maintenant.
Pour conclure ce
chapitre, je veux maintenant vous présenter brièvement les différentes espèces
de semences.
L'alpiste
L'alpiste est la graine
de canari par excellence, il se retrouve, à côté des différentes espèces de
millet, dans la plupart des mélanges de volière. L'alpiste se termine par deux
extrémités pointues et son noyau est brun. II appartient à la famille des
graminées. Il est principalement cultivé aux USA., en Argentine, au Canada,
dans l'Europe méridionale et orientale et au Maroc. L'alpiste le meilleur
provient du Maroc. Il contient une haute teneur en protéines. II est riche en
leucine, arginine et tryptophane mais par contre pauvre en lysine et il manque
totalement de cystine. Son prix est très fluctuant. Lorsqu'on dispose d'un bon
espace de stockage, il est à conseiller de s'en faire une provision lorsque le
prix en est favorable.
Le millet du Sénégal
Sous ce nom, est
présentement vendu une "manne" originaire d'Argentine (mohair jaune d’Argentine).
On ne peut plus depuis longtemps se procurer le véritable millet du Sénégal.
Cette espèce de millet rond granuleux est volontiers mangé
par les perruches ondulées. Les graines contiennent un pourcentage raisonnable
de protéines et sont riches en leucine et phénylalanine, mais pauvre en lysine,
arginine et thréonine. Les autres acides aminés sont présents dans une bonne
proportion.
Le millet Plata
Cette semence de
millet, d'une graine un peu plus brute que la manne, est un peu plus petite que
le millet blanc bien connu. Bien que l'amateur d'oiseaux fasse nettement la
différence entre les diverses espèces de millet, tous font partie,
scientifiquement parlant, des graminées.
La composition en
acides aminés de cette variété de millet est comparable à celle du millet.
Le millet japonais
Comment en est-on
arrivé à ce nom? Ce n'est pas évident. Le millet dit japonais ne provient pas en
fait du Japon mais d'Australie. Le grain de cette espèce est plus ou moins
triangulaire. Sa couleur est grisâtre brun clair et donne une impression défraîchie.
Les oiseaux en raffolent. Il est riche en leucine, cystine, phénylalanine et
valine et pauvre en lysine, arginine, méthionine, tryptophane et histidine.
C'est un des millets les plus coûteux.
Le sarrasin
Le sarrasin n'est
pas une semence mais un fruit. II est de couleur brun grisâtre et de forme plus
ou moins triangulaire. C'est une graminée d'origine asiatique qui provient
actuellement du Brésil, du Canada et de Chine mais qui est cultivée dans nos
champs sur une petite échelle.
Les hydrates de
carbone se composent d'amidon et d'un peu de sucre. Le sarrasin est riche en
arginine et lysine. II fait facilement l'affaire des oiseaux.
L'avoine
L'avoine est une
plante largement cultivée partout aux Pays-Bas. C'est une graminée généralement
connue. L'avoine décortiquée est obtenue par séparation du grain d'avec l’enveloppe.
On la retrouve pour ainsi dire dans tous les mélanges pour perruches. Elle a
une bonne réputation comme nourriture pour oiseaux avec une excellente teneur
en amidon, protéines et graisse. L'avoine est pauvre en lysine, mais contient
beaucoup d'arginine, de vitamine B et de vitamine E, de potassium et de
phosphore.
Le paddy
Le paddy n'est
rien d'autre que du riz décortiqué. C'est la principale source de nourriture
pour plus de la moitié de la population mondiale. Il
est surtout produit en Asie et en Amérique. On le rencontre également en Italie
et dans le sud de
Le chènevis
Le chanvre est
une plante textile fibreuse annuelle de l'Asie centrale. Sa fibre libérienne
est employée en tissus d'emballage, en cordages de marine et en toiles
grossières. Ses graines servent entre autres dans l'alimentation des oiseaux.
Comme la résine
extraite de la fleur de chanvre produit le hachisch, il est interdit de semer
du chènevis dans notre pays. Les semences ont une couleur brunâtre. Le chènevis
employé chez nous est importé de Russie, de Chine, du Chili et du Liban. On le
cultive aussi en France.
Le chènevis est
particulièrement riche en graisses et en protéines. Sa teneur en leucine et
valine est élevée, mais le chènevis manque par contre de cystine et de
tyrosine.
Le sésame
La plupart
d'entre vous reconnaîtront bien les petites graines jaunâtres plutôt plates qui
parsèment certains pains. Le sésame est une plante herbacée qui croit surtout
en Chine, dans l'Asie orientale et l'Afrique orientale. La graine contient 50%
d'huile qui ressemble à l'huile d'olive et est employée pour beaucoup d'usages.
Le sésame a une haute teneur en protéines et est riche en méthionine et
cystine. II se couvre rapidement de moisissure.
Les graines de tournesol
Le tournesol
appartient à la famille des composées et trouve son origine en Amérique du
Nord. Ces hautes plantes de 2 à
Le niger
C'est une plante
plutôt sauvage dont l'inflorescence et la formation de la semence sont celles
du chardon. Les petites graines sont de couleur gris noir.
Le niger provient principalement d'Ethiopie mais de l'Inde également; il est
particulièrement riche en graisses et en protéines et possède un panel d'acides
aminés favorable. A noter encore des quantités appréciables de calcium,
phosphore et manganèse.
Nourriture complémentaire
Comme nous
l'avons déjà dit, un mélange de semences ne suffit pas à lui seul à nos
oiseaux. Personnellement, je leur dispense toute l'année durant une pâtée à
l'oeuf vendue dans le commerce contenant une dose supplémentaire de méthionine
et de lysine. En période de couvaison, d'élevage et de mue, je la leur fournis
sans limite, c'est-à-dire que les oiseaux en prennent à volonté. En période
d'élevage, la quantité est naturellement très dépendante du nombre de jeunes,
mais cela revient en pratique à environ 25% de la ration journalière. Dans la période
dite de repos, je donne la même pâtée a l'oeuf mais fortement rationnée. Je
distribue en plus tous les jours un peu de verdure ou une petite dose de grains
à peine germés tels que blé, avoine, orge, dari ou mangue. Les oiseaux en cage
d'élevage ou les jeunes qui viennent de prendre leur envol reçoivent toujours
du vieux pain trempé dans du lait. Ils en reçoivent parfois aussi en période de
couvaison pour varier le menu. Mes oiseaux en prennent volontiers et cela me
donne ainsi la possibilité, si nécessaire, d'y ajouter un médicament.
Pâtée à l'œuf
La pâtée à l'oeuf
apporte des compléments qui manquent aux graines tels que acides aminés,
vitamines, minéraux et
oligo-éléments. C'est donc question de savoir si la pâtée à l'oeuf que nous
employons contient effectivement les compléments nécessaires. Les pâtées à
l'oeuf qu'on trouve dans les magasins spécialisés sont souvent de composition
différente, d'où bien sur de fortes différences quant à la teneur en protéines.
Bien que cette
teneur ne soit pas un facteur à dédaigner, c'est surtout la présence des acides
aminés qui est importante. Beaucoup trop d'éleveurs encore ne s'intéressent
exclusivement qu'à une haute teneur en protéines comme facteur d'une bonne
alimentation. Cette façon de faire n'est pas correcte. Une quantité trop élevée
de protéines alimentaires peut provoquer des troubles de la digestion dont,
entre autre, des dérangements intestinaux. La digestibilité en est alors mal
influencée. Disons simplement que les acides aminés sont les pierres de base de
la formation des protéines. Le manque d'un certain acide aminé, comme nous
l'avons vu dans un chapitre précédent, peut faire obstacle à la fabrication de
protéines par le corps lui-même. Les fabricants qui sont convaincus de la
qualité de leurs produits donnent sur l'emballage non seulement une description
des ingrédients mais ils en fournissent également une analyse claire. Ils
mentionnent aussi sur l'emballage la date de production et la date de validité
de leurs produits. Un grand inconvénient des pâtées à l'oeuf en vrac est le
manque fréquent de l'analyse du produit et de la date de validité.
Maints éleveurs préfèrent
préparer eux-mêmes la pâtée à l'oeuf de leurs oiseaux. C'est une chose
parfaitement possible sur la base des données fournies.
Comme base, on
peut prendre des biscuits moulus et des oeufs durs. On peut relever la teneur
en protéines par de la farine de soja. Il faut encore y ajouter une préparation
vitaminée à laquelle ne peuvent manquer ni calcium ni phosphore.
A propos de
farine de soja, disons qu'il est préférable de se fournir dans un magasin
diététique. Les galettes de soja sont souvent mal accueillies. Certains
éleveurs achètent parfois de la farine de soja de moins bonne qualité qui n'est
pas suffisamment à point, ce qui peut provoquer de la diarrhée dans les nichées
de jeunes.
A part cet exemple
de préparation d'une pâtée à l'oeuf , il existe encore
beaucoup de possibilités de préparer soi-même une alimentation valable qu'on
puisse adapter à toute circonstance. Il est possible que certains amateurs, sur
la base de connaissances nouvellement acquises, se sentent plus ou moins
forcés, par les mauvais résultats d'élevage qui se répètent chaque année,
d'oublier radicalement leur ancienne façon de faire. C'est surtout àces gens que je voudrais encore donner quelques conseils
d'ami : ne donnez jamais une préparation multivitaminée du commerce en
dépassant la dose indiquée sur l'emballage et ne mélangez jamais cette
préparation à une alimentation fortifiante ou déjà sur vitaminée. Accordez
beaucoup d'attention enfin à une nourriture simple mais complète pour vos
oiseaux et ne perdez pas votre temps à expérimenter toutes sortes de trucs pour
augmenter les désirs sexuels, les performances de fécondation et autres; c'est
de l'argent jeté par les fenêtre et cela n'avance à rien.
Les graines germées
La plupart des
détenteurs d'oiseaux attachent extraordinairement de valeur aux graines
germées. Cela est valable dans une certaine mesure. La graine germée est une
verdure valable, facilement digestible et riche en vitamines, mais elle n'est
pas plus que cela. Toute estimation trop élevée est une surestimation.
Raisonnons avec bon sens, mais aussi avec réalisme.
La graine normale
contient à peu près 12% d'humidité. Quand nous la laissons tremper quelques
jours dans l'eau pour la faire germer, le degré d'humidité peut monter jusqu'a
90%. L'eau, et certainement l'eau de ville, contient
peu de substances nutritives. C'est par conséquent contre toute logique
d'attribuer à une graine gorgée d'eau une valeur nutritive plus élevée qu'a une
semence ordinaire. Au contraire, plus le pourcentage d'humidité est élevé dans
la nourriture, plus bas est la valeur de cette nourriture.
La germination
emploie de l'énergie, ce qui peut faire perdre jusqu'a 25% de valeur nutritive.
Pas question par conséquent d'une augmentation de qualité de la valeur
nutritive.
Un avertissement
est nécessaire contre la distribution de quantités illimitées de graines germées
et le traitement injustifié des graines à faire germer. Une germination inadéquate
peut conduire à des phénomènes d'empoisonnement (formation de nitrite). Un
point qui mérite plus ample explication.
Durant la
germination normale, c'est-à-dire lorsque le grain est semé sur les champs, la
plante "en croissance", absorbe du sol, en même que l'eau, des
matières nutritives. La principale de celles-ci est le nitrate (N03).
L'engrais du sol est transformé par des bactéries en nitrite (N02)
et ensuite en nitrate. Une basse ou une haute teneur du sol en nitrate amène
une basse ou une haute teneur correspondante dans le produit en train de se
développer. Les plantes, et par conséquent leurs graines également, possèdent
toujours une certaine teneur en nitrate. C'est sous forme de nitrate que
l'azote de l'air est absorbé par les plantes. Comme l'azote influence très fortement
la croissance des végétaux, les nitrates jouent un rôle très important comme
engrais. Cette transformation fait partie du cycle de l'azote dans les plantes.
Ces nitrates ne sont pas en soi des poisons. Mais les nitrates peuvent se
transformer en nitrites, ce qui change la face des choses.
Si nous faisons
maintenant germer les graines dans l'eau, le nitrate peut s'y transformer en
nitrite dans certaines conditions. La possibilité existe donc que naisse un
mélange empoisonné. Le fait de faire germer les graines dans des circonstances
défavorables, comme par exemple la germination dans de l'eau chaude, la
germination sur un sous-sol chaud, un rinçage insuffisant des graines à germer,
sont toutes des possibilités d'empoisonnement par le nitrite. Si toutefois vous
tenez compte de ces éléments et agissez en conséquence, et si vous ne donnez
que de petites quantités de graines germées, vous n'avez pas à craindre des
transformations non souhaitées.
La verdure
La valeur
alimentaire de la verdure et l'importance qu'il y a à en donner aux perruches
ondulées est diversement appréciée par les éleveurs. Je trouve personnellement
que c'est une bonne chose de donner régulièrement, à côté d'un peu de graines
germées, un peu de verdure et cela, non seulement parce que les oiseaux en
mangent volontiers mais surtout pour les vitamines, les minéraux et les oligo-éléments
qu'elle contient. A côté de la salade, de l'endive, du persil, de la carotte et
toutes sortes de fruits comme la pomme, la poire, la prune et le raisin , toute
une série de plantes sauvages peuvent aussi être prises en considération. Parmi
les verdures et les semences de graminées que les oiseaux mangent volontiers,
citons: le mouron des oiseaux, le pissenlit, le millefeuille, le plantain
lancéolé, la persicaire, l'arroche, la surelle, l'oseille, la bourse à pasteur,
le séneçon, l'armoise vulgaire et d'autres sortes de graminées encore. Ajoutons
que l'avoine mi-mûre, le froment en épi et l'épi de maïs frais sont
d'excellentes nourritures vertes. Les gratte-cul (ou cynorhodons) et les sorbes
sont souvent bien appréciés. Retenons aussi que les épis de maïs mi-mûrs, les
gratte-culs et les sorbes peuvent très bien se conserver en congélateur.
Des branches à ronger
Des branches fraîches
et des rameaux de saules et d'arbres fruitiers entre autres doivent toujours
être présents. A côté des bourgeons qu'ils mangent entièrement, les oiseaux
mordillent volontiers les écorces fraîches. L'écorce contient en plus de la
cellulose une riche variété de minéraux et d'oligo-éléments.
Grit, sépia, gravier pour estomac
II est nécessaire
que les oiseaux puissent toujours disposer de grit, de sépia et de gravier pour
l'estomac. Les deux premiers apportent le calcium nécessaire à la formation et à
la bonne conservation du système osseux et à la formation de l'écaille des
oeufs. Et parce que le calcium ne peut servir à l'oiseau que s'il se trouve en
combinaison avec la vitamine D3 et que cette vitamine ne se trouve pas dans la pâtée
à l'oeuf, il faut donc l'y introduire. Cependant, l'administration de vitamine
D3 sous forme de gouttes doit être déconseillée parce que le détenteur
d'oiseaux ne peut pas se rendre compte de combien de vitamine D3 l'oiseau a
besoin. Une overdose durant toute une période conduira à la décalcification du
squelette. Dans les pâtées à l'oeuf de bonne marque, la vitamine D3 est
exactement dosée.
L’eau
L'eau qu'on offre
aux oiseaux doit être d'une bonne qualité potable, c'est-à-dire l'eau du
robinet, elle doit être fraîche chaque jour. Parce qu'une eau potable polluée
peut être considérée comme pouvant transmettre une maladie potentielle, il faut
prêter une attention spéciale a l'hygiène de l'eau. Des abreuvoirs ouverts sont
vite souillés, surtout par les déjections. Les fontaines à eau potable bien
connues peuvent également très vite être polluées. Des échantillons d'eau de
fontaine peuvent déjà après 24 heures contenir des quantités incroyables de
micro-organismes capables de propager la maladie. Après 48 heures, la quantité
de micro-organismes dans l'eau a augmenté dans une mesure telle que la santé
des oiseaux est menacée dans de sérieuses proportions. Le risque que les
oiseaux courent d'altérer leur santé en buvant une eau de fontaine ouverte qui
serait vieille de deux jours est tout simplement a déduire de ce qui précède:
absolument inacceptable.
L'idéal est
l'emploi d'un abreuvoir muni d'un bec verseur en acier inoxydable auquel pend
toujours une goutte à sa partie inférieure.
Texte: H.W.J. van der Linden