Les conures sont à la mode. De plus en plus d'amateurs se
sentent attirés par ces oiseaux bien dessinés et joliment colorés. Bien que ne
figurant pas au hit-parade des espèces les plus détenues, l'intérêt pour la conure
tiriba grandit de jour en jour.
Appellations
Scientifique: Pyrrhura
cruentata (Wied, 1820)
Néerlandais: Blauwkeelparkiet
Anglais: Blue-throated parakeet
Allemand: Blaulatzsittich
Italien: Conuro golablu
Distribution
La conure tiriba habite l'est brésilien. On la rencontre
plus spécifiquement de Bahia au sud jusqu'à Monte Pascoal qui est la limite
septentrionale de sa zone de répartition.
Description
Taille: ± 30 centimètres.
Mâle et femelle: La couleur générale du corps est vert d'herbe foncé avec une nuance plus claire sur
l'abdomen. Front, calotte et occiput sont de couleur brun foncé; certaines
petites plumes séparées sont bordées de brun jaunâtre, cela est plus visible à
l'arrière de la tête. Lores, œil et région auriculaire sont de couleur rouge
brun. On aperçoit une zone jaune orangée de chaque côté de la nuque, en contact
direct avec la tache de chaque oreille rouge brun. Les joues sont d’un vert herbe
foncé. La gorge est ornée d'une bande transversale bleu foncé qui va jusque
dans les parties latérales du cou en débordant sur le dessus de la poitrine.
Sur le dessous du corps on remarque une zone rouge foncé bien centrée sur le
milieu du ventre. Le bas du dos et croupion sont de couleur rouge foncé.
L’arrondi de l'aile est rouge éclatant. Les miroirs externes des rémiges
secondaires sont bleu foncé. Les grandes rectrices sont sur le dessus olivâtre
et sur le dessous brun rouge. Le bec est de couleur gris foncé. L’iris de l'œil
est jaune chaud. Les pattes sont grises, les ongles gris noir.
Sous-espèces
Aucune sous-espèce n'est connue.
Biotope
A l'origine, la conure tiriba habitait les forêts
pluviales. Depuis elle se tient aussi dans les régions boisées plus
extensivement et dans les régions cultivées par l'homme où subsistent des
restes de la forêt qui couvrait tout le Brésil dans les temps plus
anciens. L'espèce est locale par
endroits mais est plus commune dans les restants de la forêt pluviale
originelle où elle est malgré tout considérée comme endémique et menacée; elle
n'est pas cataloguée comme étant vouée à la disparition à plus ou moins long
terme mais des mesures de protection s'imposent. Les conures tiribas se
rencontrent en petits groupes de quatre à dix exemplaires au maximum. Les
troupes d'oiseaux sont plus fortes hors reproduction et on peut les voir dans
les arbres porteurs de fruits mûrs en train de se nourrir. La conure tiriba n'affectionne pas les hautes
frondaisons. Les cris sonores des oiseaux qui s'envolent ou se posent sont bien
audibles. On ne sait que peu de choses sur la nidification de l'espèce dans la
nature mis à part le fait qu'elle niche dans les cavités des arbres.
Aviculture
Les premiers spécimens de conure tiriba sont apparus en
Europe en 1869, plus spécifiquement au Zoo de Londres. Le commerce de cette
espèce n'a jamais été vraiment florissant malgré le fait que son arrivée sur
notre continent date de plus d'un siècle. De petites importations ont encore eu
lieu dans la décennie 1970 mais les directives de
Logement
La conure tiriba est connue pour son irascibilité; c'est
aussi un animal bruyant. Compte tenu de l'agressivité latente chez ces oiseaux,
ils ne peuvent être détenus qu'en couples séparés dans autant de volières qu'il
y a de couples d'oiseaux.
Je recommande les dimensions suivantes pour les volières
destinées à la conure tiriba, attention il s'agit de minima: (longueur x largeur x hauteur) 3
x 1 x 2 mètres.
Un abri couvert non chauffé protégeant les oiseaux des
courants d'air peut suffire car l'espèce s'est très bien acclimatée à nos
hivers auxquels ses membres, même les jeunes, résistent bien.
Le genre Pyrrhura comporte des espèces forestières très
portées sur les refuges dans lesquels elles peuvent se retirer le cas
nécessaire. On peut facilement arriver à recréer de telles situations en
volière par la plantation de plantes grimpantes qui auront vite fait de garnir
les parois de la volière. On peut aussi installer une planche dans un coin de
la volière, verticalement placée, elle donnera aux conures tiribas le moyen de
se cacher derrière. On place le nichoir dans l'annexe nocturne couverte, il
servira aussi de dortoir. Je conseille de pendre deux nichoirs dans des coins
opposés et lorsque les oiseaux auront fait un choix on pourra enlever le bloc
délaissé.
Les grandes perruches sud-américaines préfèrent
généralement des nichoirs naturels. Les dimensions d'un bloc pour conure tiriba
sont de soixante centimètres pour la hauteur et vingt-deux centimètres pour le
diamètre intérieur, trou d´envol d’un diamètre de ±
Il faut que j'explique plus avant le pourquoi de la
grande épaisseur du nichoir. Beaucoup de
perruches sud-américaines, la conure tiriba en est une, couvrent les déjections
de leurs jeunes avec des rognures de bois que les femelles enlèvent de
l'intérieur du bloc. Lorsque ce dernier ne dispose que d'une paroi assez mince,
on court le risque de voir les jeunes tomber sur le
sol par un trou qui sera creusé involontairement dans la paroi par la
femelle! Un tel nichoir tient le coup
durant deux tours; après cela il faut songer à le remplacer.
Nourriture
Le menu de base de la conure tiriba est composé d'un
mélange de qualité pour grandes perruches. On doit également donner beaucoup de
verdure et de fruits car ceux-ci sont essentiels dans la diète des espèces de Pyrrhura. Il ne s'agit pas d'un complément mais bien
d'une nourriture principale, contrairement à ce qui se passe chez les autres psittacidés
en général chez qui la verdure et les fruits constituent plus un appoint ou une
friandise.
On donnera un large éventail de légumes et de fruits que
l'homme mange également. Mais les animaux en général et les oiseaux en
particulier ont des goûts souvent différents des nôtres et ils y ajoutent des
graines de plantes sauvages comme le mouron des oiseaux, le séneçon vulgaire,
le plantain, le laiteron maraîcher et la bourse à pasteur. La conure tiriba
aime aussi se délecter d'épis de maïs finissant de mûrir, de graines germées et
de baies de sorbier.
Prévoir de donner de la pâtée aux œufs et de la pâtée
universelle enrichie d'insectes séchés de manière quotidienne et rationnée en
ayant soin de mouiller les pâtées avec des graines germées. L'eau de boisson
doit être toujours fraîche et il ne faut pas oublier de donner du gravier
d'aide à la digestion. La conure tiriba aime beaucoup se baigner et il faut
qu'elle ait donc toujours l'occasion de le faire.
Elevage
On ne trouve pas beaucoup de littérature concernant
l'élevage de la conure tiriba. Le premier rapport d'élevage réussi est paru en
1937, il émanait d'un Britannique du nom de Whiteley.
Depuis, bien que peu nombreux, des rapports sont régulièrement
publiés dans notre pays. Madame Spenkelink, malheureusement décédée depuis, a
beaucoup contribué à l'essor de cet élevage durant la période allant de 1977 à
1984, elle réussit alors à élever pas moins de trente et un jeunes!
La période de reproduction de la conure tiriba débute en
avril chez la plupart des amateurs. La ponte est complète en mai et le nombre
d'œufs varie de quatre à neuf mais la moyenne se situe à sept. Le nombre d'œufs
fécondés est généralement assez élevé, il se trouve au maximum un œuf seulement
qui ne soit pas fécondé par nichée. Certains éleveurs pourtant se plaignent que
la première ponte soit perdue ou que la moitié des jeunes succombent par la
négligence des parents. Le(s) tour(s) suivant(s) sont pourtant normaux. On
croit savoir que la perte de la première nichée serait due à la jeunesse des
reproducteurs et à leur inexpérience. Madame Spenkelink prétendait que l'âge
minimum d'un reproducteur devait être de trois ou de quatre ans pour espérer
réussir. D'autres éleveurs que j'ai contacté m'ont de leur côté affirmé que
l'élevage réussissait déjà chez eux lorsque les oiseaux avaient deux ans mais
ils ont toutefois admis que trois ans est selon eux une condition importante de
réussite.
Il se passe environ quinze jours entre la première
copulation et la ponte du premier œuf, cela est toutefois variable. Les œufs
sont pondus à intervalle d'un jour, un œuf, pas d'œuf, un œuf et ainsi de suite
jusqu'à ce que le nombre total soit atteint. Il peut se produire qu'une femelle
présente des intervalles de trois jours entre les œufs, mais cela est
exceptionnel. La femelle se charge seule de couver. Le mâle lui tient compagnie
de temps à autre dans le nichoir durant la couvaison qui prend en moyenne vingt-deux
ou vingt-trois jours. Quelque chose de comparable donc au point de vue durée
avec les autres espèces de Pyrrhura.
Les jeunes conures tiribas naissent couverts d'un duvet
blanchâtre couvrant la peau rose qui apparaît nettement au travers. Les
premières plumes commencent à apparaître à l'âge de neuf jours. Les yeux
s'ouvrent à quinze jours et les plumes sont déjà bien visibles quoique encore
au stade primaire. Le duvet s'assombrit à ce moment là qui est aussi l'occasion
de baguer les animaux avec le modèle de 6 millimètres de diamètre.
Les jeunes sont pratiquement complètement emplumés à six
semaines. Ils sont plus ternes que les adultes et les plumes de la calotte sont
bordées d'une couleur rougeâtre. Les environs des
oreilles apparaissent aussi du même rouge. L'arrondi de l'aile ne porte qu'un
minimum de rouge.
Ils quittent le nid entre quarante-cinq et cinquante
jours et sont indépendants une dizaine de jours plus tard quoique ils soient
encore nourris par leurs parents durant un bon mois. Il est conseillé de les
enlever de la volière à la fin du dit mois.
Il me reste encore quelques informations à vous donner à
propos de la durée de l'incubation: la durée est dépendante de la température
ambiante. La femelle commence à couver dès le troisième œuf, rarement dès le
premier ou après le quatrième ou cinquième. La situation est différente d'une
femelle à l'autre, beaucoup de rapports d'élevage mentionnent dès lors une trop
longue durée de couvaison. On parle parfois de durée totale, ce qui ajoute
encore à la confusion. Il est parfois difficile de se rendre compte du début de
l'incubation ce qui amène des prises de position erronées sur les dates. Vient
encore s'ajouter la prise en compte ou non des œufs non fécondés et le désarroi
est alors complet!
Beaucoup de femelles de grandes perruches restent au nid
dès la ponte du premier œuf sans pour cela couver et cela n'est pas pour
arranger les choses. Une grande précision est donc requise pour s'assurer des
évènements qui vont suivre la ponte et qui, je l'espère, seront favorables pour
tous les éleveurs de conures tiribas.
Texte: H.W.J. van der Linden